Stabiliser la Dette, c'est impossible en France !
Par Nicolas le mercredi 30 septembre 2009, 21:42 - Humeur politique - Lien permanent
François Fillon nous a prédit un déficit budgétaire de 140 milliards pour
2009 !
Le montant fait sursauter, ou du moins il devrait et beaucoup se sont déjà
déclarés atterrés par l’ampleur de la somme qui représentera plus de 8% du PIB.
Je n’épiloguerai pas sur ce déficit, d’autres l’ont déjà fait et j’ai déjà
écrit plusieurs fois sur le sujet, mais pour autant il me semble intéressant
d'y ajouter 2 commentaires.
Le premier est directement inspiré du billet de Laurence Boone (Chef
économiste France chez Barclays Capital) sur telos.
Elle nous apprend, notamment, à propos du déficit public qui a presque triplé
en 2 ans, que d’après l’OCDE et la Communauté Européenne, la part du déficit
liée à la crise est estimée à environ 2% du PIB ce qui nous donne environ
…40 milliards d’euros (et non pas 65 milliards comme l'affirme
Sarkozy) !
Elle en conclut que les 100 milliards restants correspondent à un déficit
structurel ! ce qui veut dire en clair que même avec une croissance
positive de 2%, taux certes modéré mais auquel nous sommes abonnés depuis
plusieurs décennies, le déficit serait de 100 milliards d’euros et qu’à ce
train là, la dette publique atteindra quasiment 100% du PIB en
2015 !
Et tout ça, sans que le déficit ne serve à préparer l’avenir puisque, nous
dit-elle, « sur les dépenses (de l’Etat) financées par endettement, seuls
5% servent à financer des investissements, le reste étant réparti entre
dépenses de fonctionnement (frais généraux, 15%), transferts sociaux (23%),
salaires des fonctionnaires (plus de 40%) et charge de la dette (autrement dit
le paiement des intérêts, 15%). »
Après avoir évoqué l’inflation (au détriment des épargnants) et la
croissance (un taux de + 3% extrêmement improbable) comme moyens de stabiliser
la dette, elle en conclut que « (…) seul un ajustement des dépenses pourra
effectivement la stabiliser (la dette) et elles ajoute « En régime
d’inflation et de croissance de croisière, il faudrait un ajustement de 2% du
PIB par an (par exemple, doubler l’impôt sur le revenu) pour stabiliser la
dette d’ici 2013 ».
De tout cela, je conclu que nous avons 3 options pour stabiliser la dette
(notez qu’on ne parle même pas d’une réduction) :
1 - Continuer à dépenser ce que nous dépensons sans augmenter les
prélèvements et nous fonçons droits dans le mur puisque plus la dette augmente
plus a charge liée augmente et donc plus le déficit se creuse et donc plus la
dette augmente et donc… !
2 - Continuer à dépenser ce que nous dépensons et augmenter, significativement,
les prélèvements obligatoires (par exemple doubler l’impôt sur le
revenu) !
3 - Diminuer drastiquement les dépenses de l’Etat (toujours pour seulement
stabiliser la dette) !
Si on a le courage d’exclure la première option et que l’on considère (à
juste titre) que compte tenu du taux de prélèvement obligatoire en France, les
limites de la seconde seront vite atteintes, il ne reste que la troisième
!
Pour donner une idée de ce que signifie drastiquement, le non-remplacement
d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, tel que le prévoit le budget
2010, devrait faire économiser …..500 millions d’euros par an
à comparer avec un déficit en 2010 estimé à 110 milliards !!!
Malheureusement, ce ne sont pas les récents propos d’Eric
Woerth qui peuvent laisser espérer que l’on puisse sortir de cette
malheureuse situation puisque devant les exemples de l’Espagne ou des Pays-Bas
qui ont annoncé une baisse importante de leurs dépenses publiques, il nous
dit : « C’est impossible en France, (…) Ceux qui réclament la baisse
des actions publiques sont les mêmes qui s’y opposent dès qu’on prend des
décisions en ce sens. L’enjeu, c’est bien de ralentir leur progression, pas de
les réduire » !!!!
« C’est impossible en France » …tout est là !...Mais pourquoi
est-ce impossible en France ?
En évoquant les contradictions de tous ceux qui réclament des baisses des
dépenses publiques mais qui braillent comme des veaux dès que l’on supprime
quelque postes dans la fonction publique, Eric Woerth énonce hélas, une triste
réalité, mais quel manque de courage politique d'utiliser un tel prétexte
!!!
On comprend mieux maintenant pourquoi les déficits n’ont cessés de se
creuser depuis 30 ans, on fait l’autruche en se cachant derrière « c’est
impossible en France » et on continue à faire vivre la France à crédit
!
Ca en est devenu à un tel point que l’on refuse même de regarder la
situation en face.
Le journal
Les Echos a eu la bonne idée de rappeler les différentes prévisions qui ont
été faites à propos du budget et donc du déficit 2009 :
La loi de Finances initiale, prévoyait un déficit de 52 milliards
d'euros.
Le déficit est rapidement (le 6 novembre 2008 ) passé à 57,6 milliards à
l’occasion d’un débat au Sénat !
Le 4 décembre il en a encore pris un coup et a été évalué à 76,3 milliards
(plan de relance) et quelques jours plus tard à 79,3 milliards (le 17 décembre)
!
A l’occasion du premier collectif, le 20 janvier 2009, le déficit prévisionnel
a grimpé à 86,5 milliards !
Le 4 mars, le second collectif l’a hissé au dessus des 100 milliards, 104
milliards exactement !
Le 21 juin, Eric Woerth annonce un chiffre compris entre 125 et 130
milliards.
Le dernier pronostic en date est celui de François Fillon qui nous annonce 140
milliards !
Compte tenu de cet historique chargé, il y a peu de raisons de penser que ces
140 milliards correspondront au chiffre définitif !
Je sais bien que les temps sont durs pour les pronostiqueurs économiques
mais compte tenu de la marge d’erreur, 270% entre la LFI et le dernier chiffre
en date (et encore, Christine Lagarde était toute surprise d’avoir un taux de
croissance supérieur à ses attentes au 2ème trimestre sinon qu’est ce que ça
aurait été), on ne peut pas s’empêcher de penser qu’il y a une forme d'autisme
politique dans cette manière de sous-évaluer systématiquement le déficit
prévisionnel !
Il faudra pourtant que nos gouvernant comprennent que ce n’est pas en se voilant la face et en nous la voilant par la même occasion, qu’ils arriveront à prendre et à faire accepter les douloureuses mesures qui s’imposent !
Commentaires
On ne peut que s'incliner devant la justesse de ton analyse. hélas, les Français devront bien réaliser, tôt ou tard, que l'on ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre.
Je souscris à tes propos, mais je suis plus pessimiste ; nous y viendrons aux mesures qu s'imposent mais uniquement sous la contrainte (de l'UE ou de la dégradation de la note de la dette française ou de l'augmentation des taux auquels nous empruntons). Aucune chance qu'un politique responsable ait pour programme de diminuer les dépenses !
@L'Hérétique
Je crains que ça ne soit plutôt tard que tôt du fait du consensus pour surtout ne pas regarder notre situation en face et plus ça va, plus le réveil va être brutal !
@Lolik
La France a montré à plusieurs reprises que les contraintes dictées par l’UE (pacte de stabilité) elle s’asseyait joyeusement dessus !...Une augmentation des taux réels, obligera effectivement à réduire les dépenses sous peine d’asphyxie mais même si un effort est fait pour compenser la hausse, il ne sera pas suffisant pour stabiliser la dette si cela en est la seule motivation (une motivation technique) !...Il faut un choc qui faute d’être le fait de nos politiques puisque je suis d’accord avec toi, je ne vois pas qui aura ce courage, devra venir de l’extérieur…le FMI par exemple !....Imaginons que le FMI impose à la France en faillite les contraintes qu’il a imposé à l’Argentine ou l’Indonésie, volià qui ferait un beau choc !!!
La Dette de la France n’existe pas !
« La réalité est que la dette publique française est d’abord due aux intérêts payés aux établissements financiers auxquels nous avons emprunté. Pourquoi ? Parce que la loi Pompidou-Giscard du 3 janvier 1973, puis l’article 104 du traité de Maastricht, ont ôté le droit de création monétaire à la Banque de France et livré la monnaie aux banques et sociétés d’assurance. La dette fin 1979 était de 239 milliards d’euros, fin 2008 elle s’établit à 1327 milliards d’euros, soit une hausse de 1088 milliards en 30 ans, pendant lesquels nous avons payé 1306 milliards d’intérêts ! » Cheminade oct 2009
Les citoyens doivent dire NON à l’austérité sociale que la pensée dominante veux nous imposer!
Afin de faire face à la colère qui vient! Afin de faire face à la logique destructrice du système ! Afin de faire face au mépris de la classe dirigeante, en montant sur la scène de l’histoire! Afin de rompre avec la règle du jeu!
...
David C.
david.cabas.over-blog.fr
a lolik je reponds que les francais sont les premiers a s indigner dès que l on cherche a baisser la dépense publique, car c est un pays largement administré dont les fonctionnaires ne sont pas prets à renoncer a leurs privileges, les francais en general ne veulent pas renoncer non plus a leurs acquis, ce qui peut sembler normal, on a pas envie d'être plus pauvres ou moins bien vivre tout simplement. Alors on se voile un peu la face et on cherche à se consoler autrement et se dire que la france ne pourra jamais etre enfaillite, sinon le système le sera aussi, ce qui n est pas totalement faux; regardez l'exemple américain concernant le déficit, c'est édifiant!
Mais bon, on sera quand meme obligé de se serrer la ceinture et on perdra qund meme à la fin la plupart de nos acquis: il faut au moins montrer de la bonne volonté dans les actes et promettre des choses que l on aura du mal à tenir est forcément meilleur que de dire tout simplement d'avance qu'on ne pourra pas le faire, car il y a une différence entre un sentiment d'impuissance et l'impuissance incarnée et avouée.
Le but c'est de tenir le plus longtemps que possible avec ses dettes et d'essayer de les diminuer en se serrant un peu la ceinture jusqu'à l'arrivée de jours meilleurs.
Une politique économique en accord avec ces principes et un rassemblement patriotique utour de l'idée commune de progrès seraient un bon commencement, non?
La France est plus endettée que jamais. Mais c’est moins le montant de sa dette publique, proche de 1500 milliards d’euros, qui pose problème que sa part dans la richesse nationale : plus de 80% du PIB en 2010, contre 20% en 1980. Issue d’une succession de déficits accumulés (l’exception française, c’est aussi d’avoir un budget de l’Etat déficitaire depuis trente-cinq ans), notre dette s’est accrue par brusques poussées. Quand il y a une crise, la dépense publique est protégée, voire augmentée : les recettes baissent, et l’endettement s’accroît mécaniquement. Nous avons connu cet effet de cliquet au début des années 1980, puis avec la récession de 1992-1993. Nous le vivons à nouveau depuis 2008. La France ne sait pas ajuster ses dépenses publiques. Elle est devenue le pays le plus dépensier en Europe, devant la Suède.
Ce n'est pas dificile de suprimer le déficit de la Sécu, il faut simplement ne pas être démago.
Première mesure : suppression du secteur 2 (honoraires libres). Les médecins concernés pourront choisir entre revenir au secteur 1 ou ne plus être conventionnés.
Deuxième mesure : ramener la consultation à 20 euros, diviser le K par 2 (pour le remener à la moyenne européenne).
Troisième mesure : Décloisonner la médecine, assurer un suivi intégral du patient du médecin traitant à l'hospitalisation lourde.
Quatrième mesure : assurer un contrôle des prix des médicaments
(Sanofi 9 milliards de bénéfices pour 32 milliards de CA)
Cinquième mesure : Interdire le dépassement d'honoraire dans le secteur d'hospitalisation privé ou ne rien rembourser. Faire participer les cliniques au coût de la recherche.
Sixième mesure : surpression des allègements de charges sociales pour les entreprises qui payent mal leurs salariés.
Pour Sarko, de telles mesures sont impossibles, plus aucun médecin ne voterait pour lui.