Le dilemme
Par Nicolas le mardi 1 mai 2012, 17:14 - Humeur interrogative - Lien permanent
Je vais essayer de
l’énoncer le plus simplement possible ce dilemme :
D’un coté nous avons Hollande, homme sympathique et que je crois sincère et
plein de bonne volonté. Il est, et de loin, le plus apte à mettre en place la
république irréprochable que Bayrou appelle de ses vœux depuis
toujours.
Pour autant, il est à gauche, et pour gagner en tant que représentant de
gauche il faut faire de vaines promesses, il a fait de vaines promesses, il va
gagner.
Malheureusement, ce n’est certainement pas avec son programme qu’il va
redresser la France. Il n’arrivera évidemment pas à l’équilibre budgétaire à
échéance 2017 tel qu’il le promet. Il s’appuie sur un taux prévisionnel de
croissance que tout le monde s’accorde à trouver irréaliste et il y a beaucoup
trop dépenses affichées et trop d’onéreuses zones d’ombres dans son projet. Non
seulement la maîtrise affichée de la hausse des dépenses publiques qu’il
prétend mettre en œuvre n’est pas suffisamment précisée mais elle parait
incohérente avec les dépenses annoncées dans son programme. Plus grave, il
semble n’avoir pas pris la mesure des efforts qui devront être faits pour
sauvegarder notre fameux modèle français qui n’est d’ailleurs plus un modèle
pour personne que pour les français. A moins qu’il n'ait l’intention cachée de
le reconsidérer en profondeur, mais alors elle est extrêmement bien cachée
l’intention.
En résumé, je n’ai aucune confiance en François Hollande pour redresser le
pays, pire encore, s’il fait ce qu’il a annoncé, la situation ne peut aller
qu’en s’empirant.
De l’autre coté, nous avons Sarkozy, homme que je trouve personnellement peu
sympathique, dont j’ai du mal à comprendre la stratégie, pour peu qu’il en ait
une, autre qu’électorale, et dont la sincérité n’apparait pas extrêmement
évidente. De plus, sa pratique du pouvoir a été tout sauf exemplaire.
Pour autant, il est probablement mieux placé que son rival pour atteindre
ses objectifs de réduction des déficits, moins de blocages idéologiques, même
si, de son coté également, les zones d’ombres sont nombreuses. Pour autant, ses
5 années à Élysées n’ont pas prouvé grand-chose. Certes on peut lui reconnaitre
quelques bonne intentions, mais il a clairement péché dans la réalisation. Il a
également fait quelques grossières et couteuses erreurs, la loi TEPA en est une
magistrale.
Enfin, son projet économique n’est clairement pas à la hauteur des
enjeux : mesures d’économies aléatoires et insuffisantes et réforme
structurelles pour le moins imprécises.
Rien de bien convainquant sur les sujets qui doivent primer avant tout, le
redressement de la France, la montée en gamme de son industrie, l'éducation,
l’investissement dans la recherche et le développement et dans l’enseignement
supérieur, le financement des PME, le renforcement de l’intégration européenne
avec une véritable stratégie européenne…
Plus grave encore, il est parti dans des considérations qui sont à mille
lieues de celles que l’on attend d’un prétendant à présidentielle en
2012 : « En 1995, le grand sujet, ça a été la fracture sociale.
En 2007, c'était le travail. En 2012, c'est la question des frontières. Mon
projet, c'est de remettre les frontières au coeur de la politique »
(discours de Toulouse du 30 avril)…Evidemment que Sarkozy n'est pas
le mal, mais comment faire confiance en quelqu’un qui, alors que la France
est au bord du gouffre, vous dit que son projet « c'est de remettre
les frontières au coeur de la politique » ?...comment voter pour
quelqu’un qui manifestement a décidé de faire de l’Europe et de l’immigré des
boucs émissaires ?
Pas facile de faire un choix. Le vote blanc est franchement tentant dans
ces conditions mais voter blanc c’est laisser les autres choisir à sa
place…alors il me reste 5 jours pour faire mon choix…par défaut.
Commentaires
Bonjour Nicolas, tes interrogations rejoignent les miennes. Je crois que je vais voter blanc, j'ai encore quelques jours pour me décider. Je suis quand même mort de rire sur le coup des frontières... Les rétablir ? Mais quelqu'un peut lui dire qu'il a signé en notre nom l'Europe !!!
Qu'il sorte de l'Europe, qu'il parle de protectionnisme, il serait alors plus cohérent.
Perso j'étais pour l'UPR, puis j'ai voté DLR, donc tu comprends que ça me fasse marrer...
Et puis c'est vrai... Le personnage ne m'est plus sympathique. "Plus" parce que je fais partie des cocus de 2007 ah ah ah.
Bonne journée
Honnêtement, il y a de quoi être découragé par le discours politique de cette campagne. Après, il faut justement être conscient des contraintes d'une campagne. Il y a un nombre incroyable de gens qui votent pour une candidate qui prône la fin de l'euro, de l'Europe et le protectionnisme intégral comme solution aux problèmes économiques. Ils expriment également des craintes quant aux changement culturels de la société française. Si on leur crache dessus, ça ne va pas aider. Si on essaie de comprendre qu'on a au moins compris leurs interrogations, sans en arriver aux mêmes extrêmes, c'est déjà quelque chose.
En 2007, Nicolas Sarkozy était déjà vilipendé pour la "fracture" trouvé très menaçante, et ses thèmes de campagne visant à faire dégonfler le FN. Comme je le pensais, la pratique du pouvoir n'est jamais allée aussi loin que le discours, à vrai dire, je trouve même qu'elle n'est pas allée assez loin sur plusieurs sujets. Pourtant, pour l'opposition, Nicolas Sarkozy semble avoir eu une politique qui est allée bien plus loin que son discours, et ça devient une question d'image et de caricatures plus que de faits.
En même temps, caricatures mises à part, s'il n'a pas tout réussi, je trouve qu'il a mis en route des chantiers importants (comme sur la recherche et l'enseignement supérieur), et qu'il s'est montré parfaitement à la hauteur dans les moments les plus importants, au niveau économique et international. J'aurais tendance à dire que c'est ce qui compte, plus que les représentations que l'on se fait de lui.
Alors après, on pourra lui reprocher de se faire passer pour bien à droite alors qu'il l'est moins en réalité, mais d'un point de vue politique, il est plus menacé par sa droite que par son centre, il faut bien l'avouer.
En face, François Hollande, sûrement sympathique, mais sans réalisation à son actif, et de nouvelles envies de résoudre nos problèmes économiques et dépensant plus, puis en imposant plus alors que nos taux de prélèvements obligatoires sont déjà parmi les plus importants de l'OCDE.
Voilà la comparaison que je fais au moment de choisir.
J'ai beau refaire mes calculs, je ne trouve jamais le bon résultat. Je crois que je vais rendre ma copie telle quelle le 6 mai.
http://philippebarthelemy.eu/photom...
Bon ... si le choix n'est toujours pas possible après le débat de soir , il reste à choisir le premier qui dira "retraite" ... ensuite il te reste : pile ou face, am stram gram, le jet des bulletins dans l'escalier (prendre le moins lourd
, choisir selon la cravate ... et de toute façon s'entraîner à dire :
"Pu...5 ans !" !
Salut Vlad, content de te revoir par ici
Pas facile effectivement, et c'est vrai que Sarkozy tient un discours assez contradictoire avec ses convictions passées.
Pour autant, pour ma part je suis plutôt vers plus d'Europe que plus d’Europe du tout ...mais personne n'est parfait
@Xerbias
Si je résume ton point de vue :
On doit tenir compte d’un mouvement d’opinion important porté par les extrêmes Le Pen à droite et Mélenchon à gauche : Oui, tu as raison, il ne faut ni ignorer ni mépriser ce courant. Pour autant, il ne faut pas non plus changer radicalement de position pour tenter (vainement) de se les mettre dans la poche.
Contrairement à ce que prétendent ses opposants de manière tout à fait caricaturale, Sarkozy a mené une politique assez loin de ce que laissait craindre ou espérer sa campagne de 2007 : c’est vrai, comme le dit L’Hérétique, Sarkozy ce n’est pas le Mal !...il a toujours été critiqué avec beaucoup d’excès par ses opposants. Pour autant, on peut lui reprocher à l’inverse de pas avoir été au fond des choses sur de nombreux sujets. Et ce n’est pas parce qu’un candidat ne fait que rarement ce qu’il a promis en campagne qu’il peut se permettre de dire n’importe quoi. De plus, il se présente lui-même en président nouveau, on est en conséquence en droit d’attendre qu’il nous dise précisément ou il veut aller.
Il a mené des réformes qui peuvent être mises à son actif et il a correctement tenu la baraque pendant la crise : c’est vrai mais engager des réformes c’est la moindre des choses de la part du président de la rupture. D’un autre coté je reconnais que son volontarisme a été efficace pendant la crise. C’est clairement à mettre à son actif.
De son coté Hollande n’a rien de probant à mettre son actif et sa politique c’est dépenser plus et prélever plus : Sur ses antécédents, je serais plutôt du genre à le laisser faire ses preuves. Après tout, beaucoup de présidents de la république n’avaient pas de grosses expériences derrière eux. Par contre, je suis d’accord, son programme c’est effectivement dépenser plus. Pour autant on pourrait, comme pour Sarkozy, considérer qu’il est suffisamment raisonnable pour ne pas faire tout ce qu’il aura promis dans sa campagne. C’est d ‘ailleurs ce que j’exposais dans un précédent billet. Mais il est clair que le risque est fort qu’entouré de socialistes il fasse des conneries budgétaires.
Voilà la comparaison que je fais au moment de choisir.
@Miss
Je ne crois pas que le débat de ce soir changera grand chose, ce sera donc un choix à la cravate et "putain encore 5 ans" !!
Nicolas > Donc pour résumer, on espère que François Hollande n'applique pas son programme économique d'une part, et on espère que Nicolas Sarkozy limite les excès verbaux d'autre part. Je suis d'accord, je me dis juste qu'ensuite, Nicolas Sarkozy n'aura pas besoin de se faire réélire.
"Après tout, beaucoup de présidents de la république n’avaient pas de grosses expériences derrière eux."
Dans la Vème République ?
Xerbias
Le fait qu'il ne se représenterait pas est en effet un élément positif mais bon, lorsqu'on en arrive là ...de plus le débat n'a fait que confirmer ce que j'ai écrit: Hollande ne sait pas comment il va réduire les dépenses et Sarkozy part dans tous les sens, fait une fixation sur l'immigration et veut faire dans le protectionnisme à la Montebourg !
A propos de l'absence de grosse expérience je pensais plutôt à l'étranger: Zapattero pour son premier mandat ou Cameron par exemple.